Accueil > Activités > Scientifiques > Ressources > Revues numérisées > Technologia > 1986
9(1)suite
HISTOIRE ORALE ET MILIEU SOCIAL
Jean PUISSANT
Docteur en Histoire
Professeur à l’Université Libre de Bruxelles
Samenvatting
Mondelinge geschiedenis en sociaal milieu.
« Meer dan een werktuig, minder dan een wetenschapstak » : de mondelinge geschiedenis heeft sedert een tiental jaren haar sporen verdiend. Ze biedt tegelijk bronnen en nieuwe methodes op diverse gebieden van het geschiedkundig onderzoek. Haar toepassing op de industriële archeologie kan ons veel nuttigs leren, dat echter getoetst moet worden aan de kennis die langs andere wegen wordt opgedaan. De toepassingen op dit gebied lijken nog zeldzaam, maar sommige onder hen laten reeds toe al het nut in te zien dat men er kan uithalen.
L’oralité : une découverte ?
L’enquête orale n’est ni nouvelle ni nécessairement innovatrice si l’on pense aux recherches musicales du début du siècle (Bartok, par exemple), aux domaines du folklore, de l’ethnologie et, bien évidemment, du journalisme. D’un point de vue plus systématique et comparable aux courants actuels, des recherches ont été menées avant la Seconde Guerre en Pologne (milieux paysans) et aux Etats-Unis (chômeurs de la grande dépression). Mais c’est surtout depuis une vingtaine d’années que sociologues (récits de vie) et historiens (histoire et traditions orales) mais aussi écrivains et journalistes (vogue des récits autobiographique rédigés ou enregistrés puis réécrits) ont remis à la mode l’enquête orale [2].
Cette fois la procédure a été analysée, critiquée, systématisée et a donné naissance à des théories, des méthodes et des pratiques multiples, souvent novatrices [3]. Une procédure d’institutionnalisation s’est mise progressivement en place notamment dans le cadre de congrès internationaux d’histoire orale. Le cinquième vient de se tenir au printemps dernier à Barcelone sur le thème El Poder a la societat. En Angleterre, un pionnier en la matière, P. Thompson, anime une revue : Oral History.
La tendance majeure dans un premier temps a été d’écouter la parole de ceux qui étaient dépourvus d’expression écrite ou de restituer la parole à ceux qui en étaient dépossédés en raison de la situation politique, économique, sociale ou culturelle. C’est dans ce sens que travaillait notre compatriote J. Van Sina (1961) dans la région des grands lacs d’Afrique Centrale ; dans ce sens aussi, O. Léwis (1961) à l’écoute d’une famille mexicaine et, après eux, la plupart des travaux parus depuis. Il s’agissait de rechercher « la mémoire collective » l’expérience, la vie des groupes sociaux, culturels, nationaux dominés, des colonisés, d’étendre cette recherche aux ouvriers en général, aux femmes, aux « Bretons » (pour donner un exemple précis), en privilégiant le marginal par rapport au dominant, le quartier par rapport au centre, la campagne par rapport à la ville, l’individu par rapport au collectif ou à l’institution.
Mai 1968 : l’agitation des campus américains, celle de Berlin ne sont évidemment pas loin. C’est le retour en force de l’acteur, selon l’expression d’Alain Touraine.
L’essentiel des travaux a été poursuivi dans ce sens. Mais cette orientation peut cette fois s’expliquer d’un point de vue idéologique, au sens large du
terme ; d’un point de vue méthodoloqique, rien, bien sûr, ne s’oppose à investiguer dans d’autres milieux sociaux. On partait de l’idée, fondée mais non généralisable, que les « dominants » qui détiennent les techniques d’expression ne se faisaient pas faute de les utiliser. Mémoires d’aristocrates, d’hommes politiques, d’écrivains sont effectivement nombreuses mais peut-être pas autant que ne l’espéraient les chercheurs, et trop souvent il s’agissait soit d’ouvrages considérés comme trop individuels soit reflétant trop l’actualité vécue, saississables par d’autres sources.
Par contre, dans certains milieux appartenant aux classes supérieures, l’habitude de se raconter ou de communiquer ses expériences est loin d’être courante. Le milieu des financiers, des dirigeants d’entreprises, des ingénieurs n’est apparemment pas très prolixe. L’exemple récent de R. Martin (1984) ingénieur des mines et grand patron, est là pour souligner à la fois la rareté de ce type de produit et l’intérêt qu’il y aurait à le voir se multiplier éventuellement sous forme de récits de vie ou d’hitoire orale. Dans le domaine de l’archéologie industrielle, de l’histoire des entreprises et des entrepreneurs, de l’histoire des techniques, les méthodes de l’enquête orale peuvent porter leurs fruits, que ce soit dans la perspective ouvrière, du personnel d’encadrement ou de direction.
[1] On peut cependant considérer comme dignes d’étude et de conservation certains bâtiments administratifs particuliers, comme par exemple un bureau de postes.
[2] Par exemple, et pour se limiter au domaine français :
E. Carles, Une soupe aux herbes sauvages, s.l., 1977 ; A. Sylvère, Toinou, le cri d’un enfant auvergnat, Paris, 1980 réécrit par J. Malourie. Dans un autre registre, M. Gray, Au nom de tous les miens, Paris, 1971 réécrit par Max Gallo ou P.J. Helias, Le Cheval d’orgueil, mémoires d’un Breton du pays bigouden, Paris, 1975.
[3] cf. l’excellente introduction à la problématique de l’histoire orale de J.P. Rioux, Histoire orale : essor, problèmes et enjeux, dans Cahiers de Clio, 75-76, 1983, pp. 29-48, parue dans un numéro thématique consacré à l’histoire orale appliquée à l’enseignement ; R. Thompson, Historiens et histoire orale dans Mémoires collectives. Actes du Colloque d’octobre 1982, Bruxelles, 1984 pp. 281-295. Voir aussi l’exposé systématique de J. Poirier, S. Clapier-Valladon, P. Raybaut, Les récits de vie. Théorie et Pratique, Paris, 1983 ainsi que H. Gaus, B. De Graeve, F. Simon, A. Verbruggen-Aelterman, Alledaagsheid en mondelinge geschiedenis, Gent, 1983.
[4] Citons ici quelques ouvrages-cadres pour l’interprétation de la mémoire orale : M. Halbweghs, Les cadres sociaux de la mémoire, Paris, 1975 (réed.) ; A. Leroy-Gourhan, Le geste et la parole, 2 vol. Paris, 1965 ; P. Bourdieu, Ce que parler veut dire, Paris 1982 R. Thompson, The voice of the past, Oxford, 1978. Voir aussi divers textes édités dans Mémoires Collectives, Actes ... op. cit. P. Charaudeau Langage et discours. Paris 1983.
[5] Par exemple, en Belgique, les réalisations du laboratoire Paul Brien d’Etude de l’Environnement à Treignes (ULB) et du Musée de la Pierre à Maffle (cf. Mémoires collectives, op. cit., et Cahiers de Clio, op. cit.).
[6] C. Billen, Le portrait du patron, texte présenté au Ve Congrès international d’histoire orale à Barcelone, 1985.
Voir aussi D. Voldman, Entretiens avec les reconstructeurs, Contribution à l’étude d’un groupe de décideurs (France 1940-1950), Documents du Congrès cité ci-dessus, pp. 497-504 ; A. Pinol, Transformation du travail et histoire orale. L’exemple de la rationalisation aux usines Berliet pendant l’entre-deux-guerres, 4e Colloque International d’histoire orale, Aix en Provence, 1982, pp. 507-519.
[7] Moniteur belge du 31 décembre 1980.
[8] Moniteur belge du 15 août 1980.
[9] Moniteur belge du 5 septembre 1931.
[10] Moniteur belge du 10 septembre 1976.
[11] Arrêté du 7 août 1976.
[12] Arrêté du 30 juin 1982.
[13] Arrêté du 14 mars 1979.
[14] Arrêté du 16 octobre 1975, avec extension le 7 juillet 1976.
[15] Arrêté du 17 avril 1980.
[16] Arrêté du 24 mars 1978.
[17] Arrêté du 1er juin 1978.
[18] Arrêté du 7 novembre 1978.
[19] Arrêté du 13 octobre 1980.
[20] Arrêté du 30 juin 1982.
[21] Arrêté du 20 mai 1983.
[22] Cet article doit beaucoup à celui qui a été publié par Mme Ghislaine De Bièvre, Directeur de l’Administration du Patrimoine culturel dans le n° 1 (4ème trimestre 1984) de Patrimoine Industriel (Bulletin trimestriel de l’A.S.B.L. « Patrimoine industriel Wallonie-Bruxelles ») pp 8-9, sous le titre « Activités de la Communauté française en matière d’archéologie industrielle ».
[23] De wet van 7.8.1931 op he ! behoud van monumenten en landschappen bepaalde het behoud van wat in historisch, artistiek of wetenschappelijk opzicht van nationaal belang was. Het decreet van 1976 kadert in deze wet, die geldig blijft voor de Brusselse Agglomeratie en voor de bescherming van landschappen.
[24] In 1972 wordt de Rijksdienst voor Monumenten- en Landschapszorg (R.M.L.Z.) opgericht.
Deze dienst wordt operationeel vanaf 1973.
De Koninklijke Commissie voor Monumenten en Landschappen - Nederlandstalige Sectie - stelt zich onmiddellijk positief op tegenover de industrieel-archeologische beschermingsvoorstellen van de R.M.L.Z. In 1983 wordt de R.M.L.Z. in de Vlaamse Administratie opgenomen onder de benaming : Bestuur Monumenten en Landschappen (B.M.L.). Het B.M.L. bezit een « afdeling industrieel erfgoed », opgericht in 1977.
[25] Het industrieel erfgoed wordt systematisch opgenomen in de inventarissen « Bouwen door de eeuwen heen, in Vlaanderen », uitgegeven door het Ministerie van Cultuur.
Het samenstellen van gedetailleerde tematische inventarissen per bedrijfstak, zou echter de evaluatie van het industrieel erfgoed in hoge mate vergemakkelijken.
[26] De subsidiëring gaat van 30/50 % (privé-initiatief) tot 60 % (overheidsinitiatief). Het Besluit van 30.3.83 bepaalt de erkennings- en betoelagingsmodaliteiten voor herwaarderingsgebieden.
[27] De subsidiëring wordt geregeld door het « decreet houdende de bekrachtiging van het Besluit van de Vlaamse Executieve van 1 juli 1982 tot bepaling voor het Nederlandse taalgebied van de verdeling der kosten voor werken aan beschermde monumenten dd. 17.11.1982 ».
[28] Besluit van de Vlaamse Executieve dd. 27.3.85 (ter vervanging van het Min. Besluit van 21.10.80).
Uitzonderlijk kan deze som tot 2.000.000 F opgetrokken worden.
[29] Zie hierover : Witboek van het Cultureel Onroerend erfgoed, Koning Boudewijnstichting, Brussel 1981, pp. 37 e.v.
[30] Wet van 29.3.1962 houdende organisatie van de Ruimtelijke Ordening.
- Koninklijk Sesluit betreffende de inrichting en de toepassing van de ontwerpgewestplannen en gewestplannen van 28.12.1972.
[31] Zie hierover : Algemeen Reglement van de Arbeidsbescherming (ARAB), Titel I.
[32] Deze gevallen kunnen bijvoorbeeld op advies van het Bestuur Monumenten en Landschappen worden aangeduid.
[33] Hiervan bestaan er spontane voorbeelden zoals : SANTENS N.V., Watermolenweg 2-4 te Oudenaarde, gevestigd in een textielfabriek van rond 1900
[34] Zie hierover J. Verhelst, De archiefwet en haar uitvoering, in : Monumenten en Landschappen, 2e jg. nr. 6 nov.-dec. 1983.
[35] Over Europese regelingen kunnen wij het vooralsnog nog niet hebben. Dit valt buiten het bestek van dit artikel.
Wel willen wij verwijzen naar de regelingen in het kader van het Europees Fonds voor Regionale Ontwikkeling : bepaalde tewerkstellingsprojecten kunnen hiermee gesubsidieerd worden, wat voor het industrieel erfgoed een laterale steun kan betekenen. Waarom zouden aldus projecten, die oudere of ambachtelijke technieken op economische basis toepassen, niet kunnen gepromoveerd worden ?
Ook hiermee is de industriële archeologie uiteraard gebaat.
[36] Comité d’Information et de Liaison pour l’Archéologie, l’Etude et la Mise en valeur du Patrimoine industriel, 48, rue Saint-Lambert, F-75015 Paris.
[37] Voir ci-dessus : Jacques Liébin, Le patrimoine immobilier.
[38] Bois-du-Luc 1685-1985, Ecomusée régional du Centre, La Louvière, 1985, 180 pages.
[39] Rue de la Colonne, 1 à 1080 Bruxelles.
[40] Au Bois-du-Luc, un Centre de Recherche en Fonderie a été installé dans l’ancienne fonderie du charbonnage.
[41]
La rénovation des Carrés du Bois-du-Luc, malgré sa lenteur, nous paraît un bon exemple de réhabilitation d’un habitat ouvrier ancien (1838-1853).
[42] Ecomusée de Fourmies-Trélon (France), rue François Deleplace, F-5910 Fourmies.
[43] Linters A. ea. Industriële Archeologie-Renovaties, Gent 1985.
[44] Kidney W.C. Tamera Stichting vzw. mededelingsblad nr. 1 jrg. 1 p. 3-14, Hasselt 1974.
[45] Wissels R., Een industrieel-archeologisch museum te Hasselt in Hasselt tussen korrel en
borrel Hasselt, 1981, p. 79-84.
[46] Kidney W.C. Working Places. The adaptive use of industrial buildings ; 1976.
[47] Kidney W.C. Historic preservation of engineering works, New York 1978.
[48] Alfons Thijs, Industrial archaeology as a branch of the study of the history of material culture, some theoretical and methodological considerations, dans Revue Belge d’Histoire Contemporaine, t. VI, 1975, 1-2, pp. 145-157.
J. Pazdur, L’histoire de la culture matérielle en Pologne, dans Annales, Economies, Sociétés, Civilisations, t. 17, 1962, pp. 75-84.
[49] J. Liébin, Le site industriel du Bois-du-Luc, base de l’Ecomusée régional du Centre, dans Bois-du-Luc 1685-1985, La Louvière, 1985, pp. 127-129 (la notion d’Ecomusée).
[50] The Institute of Industrial Archaeology. Master’s and diploma courses, Ironbridge Gorge Museum, Ironbridge, Telford, Shropshire TF8 7AW, U.K,
[51] T. O’Driscoll. Tourisme et patrimoine. In Forum, Conseil d’Europe, n° 24, 1984, p. 3-4.
H. Behague. Itinéraires pour découvrir le patrimoine industriel. In Forum, Conseil d’Europe, n° 24, 1984, p. 14-15.
[52] M. Kosters. Focus op toerisme. ’s Gravenhage, 1981, p. 4-13.
[53] Ons industrieel erfgoed. Jaarboek Vlaamse Vereniging voor Industriële Archeologie, dl 1, Gent, 1982, p. 28.